Artur Mas al diari 'Libération', by Quim Pedret
Artur Mas recorda i homenatja Lluís Companys en un article al diari francès 'Libération'
Pour une Catalogne libre et européenne
Pour une Catalogne libre et européenne
Le Tribunal constitutionnel espagnol a déclaré, fin
février, anticonstitutionnelle la loi permettant d’organiser des référendums au
niveau local, loi pourtant validée par le Parlement de Catalogne. Ce texte
avait obtenu une majorité de 106 voix contre 28, ce qui montre bien
le large consensus politique et citoyen qui existe en Catalogne pour la tenue
d’une consultation citoyenne d’intérêt général et non contraignante. Cette loi
devait constituer, a posteriori, la base juridique pour l’organisation du référendum
sur le statut politique de la Catalogne, qui eut lieu le 9 novembre.
La contestation et l’annulation de cette loi par le
gouvernement espagnol nous ont obligés à chercher un autre mécanisme
(transformer les législatives de septembre en «référendum» sur l’indépendance).
On peut considérer tout de même que le 9 novembre 2014, plus de
2,3 millions de citoyens se sont exprimés librement dans les urnes sur le
futur politique de la Catalogne.
De la même manière qu’il est impossible d’élever
des barrières en pleine mer, il est tout aussi impossible de bloquer la
démocratie, et le 9 novembre en est la preuve : le vote s’est déroulé
dans une ambiance citoyenne exemplaire.
Ignorant la réalité d’il y a
quatre mois, le Tribunal constitutionnel espagnol déclare qu’il n’est
toujours pas pertinent de consulter les citoyens sur des questions d’intérêt
général, même de façon non contraignante. Ce fait donne raison à ceux qui
pensent que la démocratie espagnole est perfectible. La faible tradition
démocratique de l’Espagne au cours des deux derniers siècles contribue, sans
nul doute, à la configuration d’un imaginaire où la séparation des pouvoirs
reste fragile.
Dans ce sens-là, la sentence du Tribunal ne nous a pas
surpris ni nous, gouvernement de la Catalogne, ni une grande partie de la
population catalane. Cela fait des années que le Tribunal constitutionnel a
perdu son rôle traditionnel d’arbitre et qu’il est devenu un organisme plus
politique que judiciaire. Il est important de rappeler que l’actuel président
de ce tribunal était membre du Parti populaire de Mariano Rajoy ; d’où
d’importantes incertitudes sur son impartialité au moment de statuer sur des
questions à caractère politique.
Mais ni ce jugement, ni aucune autre décision en
provenance de la sphère exécutive de l’Etat ne vont arrêter la volonté du
peuple catalan à vouloir décider librement et démocratiquement de son futur
politique.
Le 27 septembre, les Catalans voteront pour le
nouveau Parlement de Catalogne. Pour la première fois depuis 1980,
ces élections auront un caractère plébiscitaire, puisque le gouvernement et les
tribunaux espagnols empêchent la tenue d’un référendum accordé entre les deux
parties, comme ceux qui se sont tenus au Québec et en Ecosse dans un calme
et un respect absolu.
Nous, Catalans, n’avons aucune autre voie que celle
d’organiser des élections parlementaires. Les principaux partis afficheront,
explicitement, leur position sur la création d’un Etat catalan dans leur
programme électoral. Si le résultat est clairement favorable à l’indépendance,
le nouveau gouvernement aura un mandat démocratique à réaliser. Nous pallierons
les structures d’Etat pour garantir une transition normale, et nous espérons
négocier avec l’Etat espagnol, ainsi qu’avec l’Union européenne, le calendrier,
et les termes de la Constitution de ce nouvel Etat, si tel est le désir,
dépourvu d’ambiguïté, du peuple de Catalogne.
Ce futur Etat catalan veut continuer à faire partie de
l’Union européenne ; il sera un partenaire fiable et loyal envers les
institutions et les gouvernements européens. Les Catalans ont été,
historiquement, des défenseurs enthousiastes de la construction européenne.
C’est pour cela qu’il est ridicule de dire que nous avons la volonté de créer
de frontières ; bien au contraire, nous voulons faire partie d’une Europe plus
forte et plus unie, mais nous voulons en faire partie dans les mêmes conditions
et le même respect que tous les autres Etats européens. D’ailleurs,
certains de ces Etats ont une population, une superficie ou un produit
intérieur brut similaire ou inférieur à celui de la Catalogne.
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